le-soleil-et-la-lune

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Itinéraire professionnel

Itinéraire professionnel.

Par erreur de jeunesse, et vanité, sûrement, je me suis d’abord égarée dans des études qui n’étaient pas pour moi, et dont je ne parlerai pas plus, puisque j’ai tout de même rattrapé cet égarement en reprenant, quelques années après, des études d’urbanisme, que j’ai entreprises en espérant ainsi pouvoir apporter mon grain de sel à la question du cadre de vie des gens, des équipements collectifs, de l’habitat, ce que j’ai pu faire pendant cinq ans dans un bureau d’études d’urbanisme qui conseillait les communes communistes… Mais après une vague à gauche, une vague à droite, et le nombre des municipalités communistes fond comme neige au soleil…. C’est court cinq ans, pour trois ans d’études spécialisées… Le « retour sur investissement » est faible, très faible !

 

Je quitte ce bureau d’études où l’on ne me propose plus que de travailler sur le développement économique de villes sinistrées et de régions décapitées de leurs forces vives, parties voir ailleurs si le ciel y était plus clément… Des politiques urbaines, je passe donc aux questions de santé… dans une fédération mutualiste, vite mise en difficultés après le désamour entre le PS et le PC. Mutuelles de fonctionnaires contre mutuelles d’entreprises… Débrouillez-vous comme vous voulez mais il faut choisir, exige le vaisseau amiral FNMF : adhérer, c’est bénéficier des outils de réassurance et autres, mais c’est aussi suivre la politique de la fédération. Panique à bord du petit vaisseau de la fédération des anciennes mutuelles de travailleurs devenues FMF. Plus de projets sanitaires et d’ambitions trop grands pour elle, mais grandes questions métaphysiques pour moi : que suis-je venue faire dans cette galère, cette organisation où se tient peut-être  un discours d’un autre temps ? Dois-je me réorienter ? Revenir en arrière ? Poursuivre ce qu’on m’a fait faire les derniers temps, des audits d’organisations sanitaires ?

 

Je retourne alors une fois encore à mes chères études : la sociologie des organisations cette fois, et la psycho-sociologie, histoire de vérifier si ma manière de faire est bien légitime… Dans des sociétés de conseil puis à mon compte, je vais ainsi continuer à accompagner les collectivités publiques sur les politiques sociales et médico-sociales, la protection de l’enfance surtout. Mais la solitude du consultant externe ne me convient plus, le conseil général du Val-de-Marne m’emploie comme consultant interne, rôle que j’expérimente pour la première fois et déteste aussitôt : on y perd indépendance et autorité… Je cherche à nouveau, autre chose, des interlocuteurs, une utilité.

 

Présumant que j’ai assez roulé ma bosse pour avoir quelque chose à transmettre, je décide d’entrer à l’Education nationale : j’ai vu sur un dépliant qu’il y avait une filière où l’on enseignait ce que je connaissais. Quelques années avant, ç’aurait été encore le dernier domaine où j’aurais envisagé de me trouver : ma mère était institutrice, elle a été « ma maîtresse » pendant toute ma scolarité primaire, et il valait mieux lui laisser le terrain. Mais à ses yeux, que je devienne enseignante va sans doute concrétiser en qui consiste mon nouveau métier, alors qu’elle ne comprenait précédemment pas grand-chose à ce que j’évoquais des précédents : la décentralisation, les politiques de protection de l’enfance, ou d’insertion, les schémas conjoints, elle ne voyait pas en quoi cela consistait, pas plus qu’elle n’avait vu précédemment, il faut dire,  ce que je pouvais faire à propos des politiques urbaines, ou des politiques du logement ou de réhabilitation des grands ensembles.

 

Et voilà, j’ai enseigné. Assez longtemps… Au début en regrettant l’intérêt de mes missions de conseil, et en déplorant de ne pas trouver preneur pour tout ce que j’avais à dire, puis en prenant de plus en plus plaisir à clarifier ce qu’il fallait enseigner, et à lire, dans les yeux ou les sourires des élèves, leur plaisir de découvrir et de comprendre. Dans leur silence, pour les plus grandes, j’ai parfois cru entendre le bruit que font les mots qui défrichent et ordonnent. Ci-dessous, le bouquet qu’une classe de BTS m’a offert en fin d’année.

 



01/03/2015
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