La Faute à Voltaire, extrait : "La coqueluche de Gabrielle".
(...)
La p’tite s’est mise à tousser. Elle s’est redressée, hirsute, bouffie, rouge comme une betterave, secouée par une quinte interminable. Ca n’en finit pas. La pauv’ gamine ouvre la bouche, lève le nez vers le plafond, cherche l’air comme un poisson hors de l’eau.
« Ah ça y est, vous avez la lumière ? »
Comment j’ai pu ne pas le voir avant ? Juliette a choisi un abat-jour en verre opaline, qu’elle a acheté chez le quincailler sûrement : il en vend de pareils sur le trottoir le jour du marché. Il pend juste au-dessus de la table, au milieu. On ne voit que la tâche blanche qu’il fait sur la tapisserie goudronnée par des années de feu de cheminée et de cuisine au bois.
« Ah, tu as vu ça ? Etienne gagne un peu mieux. Ils ont accepté de continuer à neuf heures par jour, mais pas au même prix.
- I’ n’ taille plus d’ Christs pour le père Moreau ?
- Le recul de la foi, qu’est-ce que tu veux papa ! Non : i’ n’a plus l’ temps ! Y a du travail à nouveau à la ferblanterie. Beaucoup ! Des commandes à ne plus savoir qu’en faire. C’est pour ça qu’ils ont pu obtenir un meilleur prix ; mais toujours à la pièce. Ca, Gaudré n’a pas pu l’ faire lâcher là d’ssus, m’a dit Etienne… Il commence à baisser, Gaudré, il va moins vite, parc’ qu’il y voit moins bien, il perd du temps à ajuster…
- Et lui Etienne, qu’est-ce qu’il en pense, du salaire au forfait ?
- Il en pense, il en pense… Ben… Lui ’ fournit encore bien. Il dit qu’ ça va avantager les fainéants…
- Et Gaudré ? I’ trouve que c’est un fainéant ?
- Ah non, Gaudré, il dit qu’ c’est une exception… »
(...)
A découvrir aussi
- Les pierres du chemin, extraits : Pierre ponce
- Les pierres du chemin. Extrait : Pierres sèches
- Sambou, chap 13
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 153 autres membres