le-soleil-et-la-lune

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La Faute à Voltaire, extrait : "1er août 14"

(...)

Ferdinand Coutance a jailli de la classe quelques minutes après le passage du facteur et, se déhanchant plus vite qu’on ne l’a jamais vu, se dirige vers la forge et l’atelier de Georges Landais, brandissant un journal tout juste sorti de sa bande. « Ils ont tué Jaurès ! » hurle-t-il en continuant de se dandiner, ventre en avant, vers la mairie où le docteur est sûrement occupé à marier un des gars Mortier, un pas bien malin, de ses anciens élèves, avec une fille Maurin dont les lumières, selon Alexine, qui l’a elle aussi eue en classe, n’éclaireront sans doute pas beaucoup son mari. Sous la secousse de ses pas, les pans de la blouse grise que l’instituteur n’a pas eu le temps d’enlever volent autour de lui. La porte de la mairie résiste au geste trop nerveux de son poignet. Un coup d’épaule, et il déboule dans le hall.

« Docteur ! Crie-t-il, où est le docteur Goupil ? », demande-t-il, essoufflé, tout en grimpant l’escalier qui mène à la salle des mariages. Un tel charivari fait surgir de la salle l’employée du bureau de l’Etat civil. Elle a reconnu la voix inimitable de Ferdinand et, s’inquiétant qu’il ne fasse quelque nouveau scandale, se précipite vers lui.

« Chut, chut, monsieur Coutance, il y a un mariage en ce moment ! »

- Eh ben, les mariés ne le seront peut-être pas pour longtemps, espérons qu’il n’y a personne en route !

- Monsieur Coutance, voyons !

- Monsieur Coutance, voyons ! », répète Ferdinand d’un ton irrité, « Dîtes au docteur de nous rejoindre chez Talent ! On a tué Jaurès hier soir ! »

(...)



25/02/2015
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