le-soleil-et-la-lune

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La Faute à Voltaire, extrait: le déménagement

Elle traîne. Elle tire la patte. J’ai bien vu qu’elle s’arrêtait de plus en plus souvent. Elle finit par repartir, mais les stations sont de plus en plus longues. Je lui jette un coup d’œil de temps en temps. Elle s’essuie la figure et rempoche son grand mouchoir tout bouchonné. Parfois, elle pose ses mains sur ses reins et étire péniblement son dos.

« Ça va-t-i’ ? »

Je n’ peux pas l’aider. Elle ne porte plus rien, pas même le petit. J’ai demandé aux gars de se relayer. On est partis depuis trois heures maintenant. Le cheval aussi donne des signes de fatigue. C’est pourtant un costaud, mais il s’est mis à secouer la tête et à tirer à droite. Le pas que les bêtes lui imposent ne lui convient pas. Parfois l’une ou l’autre s’écarte pour attraper une feuille dans une haie, ou brouter un peu de trèfle sur un talus. Je dois l’immobiliser le temps que je ramène la bête. Ça nous oblige à piétiner, à repartir, à attendre encore, à courir à droite ou à gauche pour éviter que le troupeau ne s’égaille. On n’est encore qu’à six kilomètres de la ferme. Où mettre les bêtes si on s’arrête ? Et comment les rassembler pour repartir ? Le cheval, la mère, les gars même, qui commencent à traîner des galoches… (...)



24/02/2015
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