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L’ange, ou le poète

 

L’ange, ou le poète

 

Les yeux mi-clos, il vole, il marche sur l’eau. Il est Jésus. Un sourire flotte sur ses lèvres, il est aux anges. Aérien, il plane. On dirait qu’il a des ailes aux pieds. Il est Mercure. Tout est discret, léger, dans sa personne. Il y a tant de souplesse dans ses déplacements qu’on dirait qu’il est en chausses, en chausses et en collants. Il est le ménestrel, il est le troubadour des milongas. Surprenant, il compose un tango amusant, fantasque et pétillant. Serein pourtant. Vif, et non pas précipité. Je ne sais pas comment il s’appelle, mais tout le monde connaît sa silhouette modeste, son élégance, sa grâce de poète, les arabesques que son mouvement dessine dans l’espace. C’est un jongleur, un acrobate, plein d’imagination, d’égards et de tendresse pour ses partenaires, qu’il élève parfois au-dessus du sol, assoie sur ses genoux ou rapproche fermement de lui si le mouvement qu’il impulse mérite d’être assuré, tout cela sans brusquerie, parce qu’il a confiance : il retrouvera le rythme que ses fantaisies à lui, ou celles de l’autre, car elles ont toute licence elles-aussi, auront bousculé. Il prend à cet exercice un plaisir manifeste qui ne peut échapper à personne, encore moins aux danseurs qui, depuis tant de représentations à jouer le rôle du mystérieux ténébreux, ne conçoivent de tango que dramatique, et ont oublié combien il était délicieux de jouer, tout court.

 

 



11/11/2017
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