le-soleil-et-la-lune

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Vibrations

Ah, ça ne va pas être facile, me dis-je en approchant de son buste. Quelle distance ? Il s’est présenté soudain devant moi qui venais d’arriver, a légèrement incliné le buste. Il est grand, et assez bel homme. J’ai remarqué ses yeux, ou son regard, intelligent, vif. Dans la main, dans le bras qu’il me tend, j’ai tout de suite senti le tremblement. Son corps tout entier bégaie. Mais il part, il n’hésite pas. Croisés. Huits. Déterminés. Il a été bon danseur. Il l’est encore, après tout, malgré les vibrations, malgré l’agitation de son corps qui ne peut transmettre la paix, le calme, au mien. Il sait caler mon pied, sans me faire trébucher, amortir le poser, suspendre mon mouvement. Ralentis. Accélérations. Nous nous écartons, légèrement, parce que je cherche la bonne distance, la moindre gêne, le meilleur arbre de transmission. Le torse, non, trop ébranlé ; le bras, mieux, tout de même. Parfois je lève les yeux sur lui, sur son visage, sur son regard concentré, qui ne croise pas le mien. Il arrive à calculer l’intervalle de temps où, malgré les vibrations parasites, son corps tremblant, hésitant, pourra me suggérer la figure qu’il propose. Je sens son corps  lutter contre l’ennemi qui lui ôte l’assurance, le trahit. Ce n’est pas de tout repos mais ça va. Il me confie sa faiblesse. Tout passe. Quatre tangos les uns à la suite de l’autre. Une tanda. Il a sur le visage un sourire interrogatif, craintif peut-être. Je le remercie. Lui aussi, me remercie. Le croisant une autre fois, c’est moi qui l’invite.

 

 



18/11/2017
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